À l’aube du Salon des véhicules électriques, qui se déroule ce week-end, qu’en est-il du marché de la revente ?
D’abord, le contexte
Loin de faire une étude exhaustive, s’il y a une chose dont on peut être sûr quand on parle du marché des véhicules électriques d’occasion, c’est qu’il est tout récent avec des stocks qui nous arrivent sans réels antécédents ou références sur lesquels on peut se baser.
De plus, on compte non pas une, mais plusieurs technologies de motorisations comprenant différentes variétés d’hybrides jusqu’aux tout électriques à batterie. Par ailleurs, il y a encore une grande éducation à faire dans l’esprit des automobilistes quant à leur fonctionnement, leur autonomie et surtout les importantes économies de consommation et d’entretien. Et il a fallu attendre des études récentes pour volatiliser les doutes quant à la durée de vie des batteries de ces véhicules d’occasion.
Tout cela dans un contexte où les prix des carburants, jusqu’à tout récemment, sont demeurés des années à des niveaux planchers, alors que la demande, elle, penche surtout du côté des VUS et des utilitaires neufs et d’occasion. Tout le contraire du marché des berlines, compactes et sous-compactes – justement là où logent les voitures électriques – qui sont boudées par les acheteurs.
Cela dit, ça change : si on exclut le volumineux et coûteux Model X de Tesla, l’offre électrique se démocratise de plus en plus vite. La dernière proposition en lice: Hyundai débarque au Salon du véhicule électrique de Montréal avec le premier VUS compact grand public, le Hyundai Kona EV, avec 400 km en mode tout électrique.
Dépressif
Deux mille dix-sept fut véritablement une année charnière et il faudra attendre la fin de 2018 ou le début 2019 pour découvrir les changements dans l’importance de la dépréciation chez les véhicules électriques.
Avant, ceux-ci électriques encaissaient une solide dévaluation, notamment à cause de leurs prix initiaux élevés et en raison d’une certaine méfiance du public envers ces nouveaux véhicules sur le marché d’occasion.
De fait, sur les dix provinces canadiennes, il n’y en a que trois où les électriques ont percé ou atteint des volumes conséquents : le marché ontarien, qui a connu un véritable boom l’an dernier pour rattraper sa voisine, le Québec, et la très californienne Colombie-Britannique.
On le sait, le boom en Ontario est dû à la généreuse et toute récente bonification des subventions à l’achat de véhicules électriques neufs (jusqu’à 14 000 $), alors qu’au Québec, le gouvernement en a rajouté une couche en mettant en place une subvention de 4000 € pour l’acquisition d’une voiture électrique d’occasion, sans oublier les 350 € offerts pour l’achat d’une borne à domicile et les 250 € pour son installation par un électricien.
En forte demande selon MUZE EV
Cela dit, la situation n’est pas identique partout au pays. Chez nous, des compagnies comme MUZE EV (muzeev.com), spécialisée dans la revente de voitures électriques à Montréal, vont jusqu’à en importer des États-Unis pour combler la demande au Québec.
En entrevue téléphonique, son directeur M. Pascal Gosset précise que les «cotes de la version “Black Book des concessionnaires” sont plus fidèles que celles du CBB pour établir la valeur des véhicules électriques d’occasion.
Plus précis encore que les Black Book, ce sont selon lui les ventes aux enchères qui offrent le portrait le plus fidèle. Car autre facteur qui pèse grandement dans la balance: les prix des véhicules d’occasion sur le marché américain !
À cause de sa taille, la valeur des échanges au Sud de la frontière se répercute sur notre marché. La demande est soutenue pour des modèles comme les hybrides rechargeables Chevrolet Volt et Toyota Prius, ainsi que les tout électriques Nissan Leaf.
M. Gosset ajoute qu’à «cause des retours de location, l’offre de Nissan Leaf d’occasion augmentera quand le modèle 2018 arrivera en plus grand nombre chez les concessionnaires cet automne», même si, officiellement, elle est arrivée chez nous avec quelques rares exemplaires.
Autre raison pour expliquer la faiblesse de l’offre, «les retards accumulés par Tesla pour produire sa Model 3. En effet, plusieurs qui avaient réservé cette voiture ont déchanté et opté pour une Chevrolet Bolt ou Volt ou autre modèle neuf ou d’occasion», précise M. Gosset.
En conclusion, la valeur du marché de la revente des véhicules électriques varie grandement d’une province à l’autre. Au Québec et plus récemment en Ontario, la demande est solide et bien présente selon l’importateur cité ici.